Communiqué de presse/La violence des gangs en Haïti continue à s’étendre au-delà de la capitale, vers les zones rurales de l’Artibonite et du Centre
Port-au-Prince, le 11 novembre 2025 : Au cours du troisième trimestre de l’année 2025, si les gangs n’ont pas progressé au sein de la capitale et ont même été repoussés de certains quartiers, leurs attaques ont continué de s’étendre aux zones périphériques et rurales de Port-au-Prince, ainsi que dans les départements de l’Artibonite et du Centre.
Au total, entre le 1er juillet et le 30 septembre 2025, au moins 1 247 personnes ont été tuées et 710 blessées. À cela s’ajoutent au moins 145 enlèvements contre rançon et 400 victimes de violences sexuelles.
Les attaques perpétrées par les gangs ont causé au moins 30 pour cent de l’ensemble des personnes tuées ou blessées. Comme au trimestre précédent, les gangs ont continué à recourir à la violence contre les résidents des quartiers sous leur contrôle, en particulier ceux qui se sont opposés à leurs règles ou sont soupçonnés de collaborer avec la police ou des groupes d’autodéfense.
Dans la périphérie de la capitale, notamment à Arcahaie et à Cabaret, ainsi que dans les départements de l’Artibonite et du Centre, leurs assauts ont été largement indiscriminés, visant à prendre le contrôle de localités situées le long d’axes routiers stratégiques menant vers le nord et l’est du pays.
Les violences sexuelles perpétrées par des gangs armés demeurent à un niveau alarmant. La majorité de ces violences résultent de viols collectifs, souvent commis lors d’intrusions dans les habitations ou au cours des déplacements des victimes dans la rue. Ces violences sexuelles, souvent utilisées à des fins d’exploitation ou de punition, entraînent des conséquences physiques, psychologiques, économiques et sociales désastreuses pour les survivantes et leur famille.
La traite d’enfants par les gangs à des fins d’exploitation et de participation aux activités criminelles demeure particulièrement préoccupante, alimentée par la pauvreté, l’exclusion sociale et la gouvernance criminelle exercée par les gangs dans les quartiers sous leur contrôle.
En outre, neuf pour cent des personnes tuées ou blessées l’ont été lors de violences imputables aux groupes d’autodéfense et des membres de la population liés au mouvement « Bwa Kalé » contre des présumés membres de gangs et des personnes soupçonnées de collaborer avec eux.
Enfin, 61 pour cent des personnes tuées ou blessées l’ont été pendant des opérations des forces de sécurité. Le rapport souligne aussi la persistance d’exécutions sommaires impliquant des membres de la police et de frappes de drones appuyées par une compagnie militaire privée. Parmi les victimes de ces frappes de drone figuraient au moins 39 membres de la population dont des enfants.
Dans ce contexte de violence armée, la population continue de faire face à de graves obstacles pour accéder aux services de base, tandis que les attaques de gangs contre des habitations, des infrastructures publiques et d’autres bâtiments continuent de provoquer des déplacements massifs. À la fin du mois de septembre, plus de 1 400 000 personnes étaient déplacées dans le pays.
Au cours du trimestre, malgré les contraintes persistantes en matière de ressources, de capacités et de fonctionnement institutionnel, les autorités, avec le soutien des Nations Unies, ont poursuivi la lutte contre la corruption et les efforts de reddition de comptes. L’opérationnalisation des deux pôles judiciaires spécialisés créés en avril a connu quelques avancées malgré des difficultés logistiques, et les autorités ont entrepris des initiatives visant à accélérer les procédures judiciaires, notamment par la tenue d’assises criminelles et la priorisation des affaires impliquant des mineurs.
Enfin, le 30 septembre, le Conseil de Sécurité a autorisé le déploiement d’une Force de répression des gangs, qui remplace la Mission multinationale d'appui à la sécurité.
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Contact:
Mathias Gillmann
Porte-parole du BINUH
ONU


