Communiqué de presse - Haïti : Au moins 1 520 personnes tuées dans les violences au cours du deuxième trimestre 2025
Port-au-Prince, le 1er août 2025
Au cours du deuxième trimestre de l’année 2025, la situation des droits de l’homme en Haïti est demeurée extrêmement préoccupante. Les groupes criminels ont étendu et intensifié leurs attaques en dehors de Port-au-Prince, en particulier dans le département du Centre et dans le Bas Artibonite. Un certain ralentissement de leur progression dans la capitale a été observé, bien que la situation dans certaines communes, telles que Kenscoff, soit restée très instable.
« Les attaques des gangs dans les départements de l’Artibonite, du Centre et dans la capitale continuent de provoquer de graves violations des droits de l’homme et d’aggraver une crise humanitaire déjà extrême, entraînant des déplacements massifs de population aux conséquences dramatiques sur les femmes et les enfants en particulier », a déclaré Ulrika Richardson, Cheffe par intérim du BINUH et Coordonnatrice résidente et humanitaire des Nations Unies.
Au total, entre le 1er avril et le 30 juin 2025, au moins 1 520 personnes ont été tuées et 609 blessées dans le contexte de la violence armée, principalement dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, suivie de l’Artibonite et du Centre. À cela s’ajoutent au moins 185 enlèvements et 628 victimes de violences sexuelles.
Les exactions des groupes criminels ont causé plus de 24 pour cent des personnes tuées ou blessées au cours du trimestre. Les membres de gangs ont continué de recourir aux meurtres, aux viols collectifs et aux enlèvements pour maintenir leur emprise sur les populations vivant dans les zones sous leur influence. Des cas d’esclavage sexuel, d’exploitation sexuelle, ainsi que de traite et d’exploitation d’enfants ont également été documentés.
Au cours de cette même période, 64 pour cent des personnes tuées ou blessées l’ont été pendant des opérations des forces de sécurité contre les groupes criminels, dont plus d’un tiers au cours de frappes réalisées à l’aide de drones explosifs. Il convient de souligner qu’au moins 15 pour cent des victimes étaient des personnes non associées aux gangs, tuées ou blessées alors qu’elles se trouvaient dans la rue ou à leur domicile. Par ailleurs, au moins quatre membres des forces de sécurité ont également perdu la vie au cours de ces interventions. En outre, certains membres de la police et le commissaire du gouvernement de Miragoâne auraient aussi été impliqués dans 73 exécutions sommaires.
Enfin, 12 pour cent des personnes tuées ou blessées l’ont été dans des violences imputables aux groupes d’autodéfense et des membres de la population liés au mouvement « Bwa Kalé » contre des présumés membres de gangs et des personnes soupçonnées de collaborer avec eux.
Cette violence armée a de nouveau provoqué des mouvements importants de populations et a accentué la crise humanitaire. Au 30 juin, plus de 1 300 000 personnes étaient déplacées à travers l’ensemble du pays.
Face à ces abus et ces violations des droits de l’homme, et malgré le dysfonctionnement persistant du système judiciaire, les Nations Unies ont continué d’accompagner les autorités pour lutter contre l’impunité, la corruption et à renforcer la reddition de comptes en matière de violations des droits de l’homme.
En avril, le gouvernement a ainsi promulgué un décret créant deux pôles judiciaires spécialisés portant sur les crimes de masse, y compris les violences sexuelles, et sur les crimes financiers. Les autorités judiciaires ont aussi organisé des assises criminelles dans plusieurs juridictions du pays, tandis que la police a renforcé les capacités de ses unités spécialisées pour lutter contre les violences sexuelles.
Le rapport appelle le gouvernement d’Haïti, avec l’appui de la communauté internationale, à renforcer la lutte contre les gangs, tout en respectant strictement les droits de l’homme et les normes sur l’usage de la force. Il appelle à accélérer la mise en place de pôles judiciaires spécialisés, à poursuivre le vetting de la police nationale et à protéger la population. La communauté internationale est également exhortée à soutenir un déploiement complet de la Mission multinationale d’appui à la sécurité et à intensifier la lutte contre le trafic d’armes.
Contact:
Mathias Gillmann
Porte-parole du BINUH