Haïti a besoin d'un « renouveau démocratique», a déclaré l’envoyée de l'ONU au Conseil de sécurité

Leonora Baumann / UN MINUJUSTH Helen La Lime, envoyée de l'ONU en Haïti (photo d'archives).

23 fév 2021

Haïti a besoin d'un « renouveau démocratique», a déclaré l’envoyée de l'ONU au Conseil de sécurité

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Helen La Lime, cheffe du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), a déclaré au Conseil de sécurité - réuni par vidéoconférence - que la polarisation qui a défini la majeure partie du mandat du Président Jovenel Moïse est devenue encore plus aiguë, car l'espace civique se rétrécit et l'insécurité alimentaire aiguë se développe.

Haïti est en proie à une nouvelle crise depuis que le Parlement a cessé de fonctionner en janvier 2020, laissant le Président reporter les élections et gouverner par décret. En réponse, de grandes foules ont afflué dans les rues, faisant écho aux demandes de l'opposition réclamant la démission de M. Moïse.

« Seul un renouveau démocratique, résultant de la tenue rapide d'élections crédibles, transparentes et participatives, peut donner à Haïti l'occasion de surmonter sa crise politique prolongée », a déclaré Mme La Lime devant les membres du Conseil de sécurité.

Cela permettrait à la société et aux dirigeants haïtiens de concentrer leur attention sur la mise en œuvre des réformes économiques et de gouvernance qui sont nécessaires pour remettre le pays sur la voie du développement durable, a-t-elle ajouté.

Le Président Moïse affirme que les élections se dérouleront en septembre

Participant à la réunion depuis Port-au-Prince, le Président Moïse a défendu son administration, affirmant qu'elle était confrontée non seulement à la pandémie de Covid-19, mais aussi à des « oligarques corrompus » et à une « opposition radicale et violente » qui ont tenté à plusieurs reprises un coup d'État. « Cette politique de chaos a fait que le gouvernement a dû enlever les gants », a-t-il dit, ajoutant cependant que les élections législatives qui auraient dû avoir lieu à l'origine en octobre 2019 se dérouleront en septembre.

M. Moïse, 52 ans, dit que son propre mandat présidentiel prend fin en 2022, cinq ans après sa prise de fonction. Mais ses opposants, citant la Constitution, affirment que son mandat a commencé lors des élections de 2016 - et que le moment est venu pour lui de se retirer.

Mme La Lime, présentant le dernier rapport du Secrétaire général sur Haïti, a indiqué que l’opposition n’avait pas réussi à mobiliser un appui public important dans sa campagne visant à évincer le Président. Mais elle a noté qu'une série de décrets présidentiels a incité les juges à se mettre en grève et menacé l'espace civique par une définition trop large du terrorisme - et ce à un moment où environ 4,4 millions d'Haïtiens auront besoin d'une aide humanitaire cette année.

L''ONU prête à apporter son aide pour les élections

Dans ce contexte instable, les préparatifs des élections de cette année - et d’un référendum constitutionnel - se poursuivent. Mais l’envoyée de l’ONU a averti que beaucoup reste à faire et que le vote pourrait être retardé en raison d'un manque de financement international.

« Par-dessus tout, un consensus minimal parmi les acteurs politiques concernés contribuerait grandement à créer un environnement propice à la tenue du référendum constitutionnel et des élections ultérieures », a-t-elle déclaré, ajoutant que les Nations Unies se tenaient prêtes à apporter leur aide.

Vivianne Roc, 23 ans, de Plurielles, un groupe de jeunes éco-féministes, a également informé le Conseil aujourd'hui. Elle a décrit un pays en proie à l'anarchie, au banditisme et à la violence des gangs mais elle a aussi estimé que les choses pouvaient encore s'améliorer.

« La jeune femme qui est devant vous aujourd'hui est scandalisée par le vent d'insécurité qui balaie son pays », a-t-elle déclaré, présentant à l'organe de 15 membres plusieurs recommandations - dont la répression du trafic d'armes et de drogue, et la création de centres d'appels pour victimes de violence domestique.